Le roman est décidément un indispensable instrument d’investigation de l’Histoire.
Avec « Vera », Jean-Pierre Orban en fait une remarquable et sensible démonstration. Vera Tanner, la narratrice de ce premier roman, se souvient des épisodes marquants de son enfance et sa jeunesse. Elle est née de parents immigrés italiens , installés à Londres dans le quartier de « Little Italy ». Ses souvenirs remontent aux débuts du fascisme italien, dans les années trente et traversent un quart de siècle au cours duquel le romancier évoque le destin de cette famille déracinée dans une époque qui ne l’est pas moins. Orban réussit avec ce premier roman à plonger son lecteur dans une fresque émouvante et cruelle, un destin raconté par Vera Tanner, vrai personnage romanesque, qui entre d’emblée dans la famille de ceux qui nous accompagnent longtemps.
Nous avons rencontré Jean-Pierre Orban à Bruxelles le 7 novembre 2014
Edmond Morrel
« Au retour de Rome, quand j’ai aperçu la silhouette d’Augusto dans l’immense hall de la gare Victoria où il était venu m’accueillir, j’ai eu honte. Le train nous avait ramenés. Je ne peux le dire qu’ainsi. Au sens propre. Ce n’était plus nous qui nous emportions. Qui nous lancions vers l’avant comme à l’aller, les cheveux au vent, penchés par la fenêtre, la poussière me battant le visage, venue, on aurait dit, du sol de l’Éden. Le train nous ramenait. Tels des corps que l’on détachait de la terre offerte. On nous reconduisait dans le pays où nous vivions. Mais c’était quoi la vie ? Et c’était où ? «
Londres, 1930 : Vera vit à Little Italy avec ses parents, Ada et Augusto, immigrés italiens. Rapidement la jeune fille se laisse enrôler dans une organisation à la gloire de Mussolini. Elle croit naïvement que l’idéologie fasciste lui forgera une identité. Mais l’arrivée de la guerre chamboule ses espérances. Écartelée entre sa langue maternelle et celle du pays d’adoption, Vera se laissera emporter par d’autres dérives. Puis elle croira enfin venu le temps de construire le récit de sa vie et de l’Histoire. De trouver sa vérité, elle dont le prénom signifie « vraie », et de la transmettre…
Peuplé de personnages décrits à l’encre noire, ce roman bouleversant nous parle d’identité et de racines. Et de l’espoir, parfois déçu, de les dépasser.
Vera est le premier roman de Jean-Pierre Orban, qui a écrit pour le théâtre et la jeunesse. Il vit entre Bruxelles et Paris.