Avec Jacques Vergès, à qui ce livre est dédié, Xavier Magnée partage cette absolue conviction que tout citoyen a le droit d’être défendu quelle que soit l’horreur des crimes dont il est accusé. La démocratie est à ce prix.
Nous l’avons rencontré à Bruxelles, chez lui, où il évoque pour nous ce livre de mémoire. « Mémoire au singulier » insiste-t-il… la mémoire, comme la justice, n’est pas la vérité que seul l’artiste peut approcher ajoute-t-il en citant Vergès. « Singulier », voilà d’ailleurs un adjectif qui qualifierait bien ce ténor du barreau…
Après l’interview nous lui avons demandé de lire un extrait de son récit : avec accent et drôlerie, comme pour dédramatiser cette mémoire du crime dont il est le témoin au quotidien, il nous raconte « le Roi du Chrysanthème »…
Edmond Morrel
Somme toute est un bilan, mais pas un bilan déposé. Un regard vers le passé, que l’auteur ne cesse de poser jour après jour, tirant de sa jeunesse chrétienne les leçons de l’examen de conscience, voire de l’acte de contrition. Il apprend très vite que la justice n’est pas nécessairement la vérité et que les deux déesses forment un couple d’enfer. Les causes « impossibles » qu’il assume, il les paie cher dans l’estime de l’opinion publique, très cher parfois, pour ensuite recevoir des encouragements, voire des félicitations, ou plus simplement le silence perplexe après les sanctions.
Ce plaideur vous balade dans sa vie publique et dans sa vie privée, cherchant avec vous la clef de la destinée. C’est que tout est encore à faire. Avec ceux qui vous aiment, si vous acceptez de les reconnaître. Ceux qui vous pardonnent ou qui, pourquoi pas, vous comprennent et vous encouragent. Diable d’homme, Somme toute !
Xavier Magnée est né en 1935 à Uccle. Après des études primaires et secondaires difficiles, il obtient son diplôme en philosophie et lettres à Louvain, suivi d’un doctorat en droit à l’Université libre de Bruxelles. Contrairement à son père, avocat de banques et de compagnies d’assurance, Xavier Magnée manifeste très vite une liberté d’esprit et d’action dans la défense des délinquants de tous bords, liberté qui le mène aussi à divorcer trois fois non sans le bonheur de deux magnifiques enfants. Un parcours professionnel, quant à lui plus classique : prix Janson, président du Jeune Barreau, membre du Conseil de l’ordre, bâtonnier. Il exerce encore, démontrant sans doute que cette carrière demande plus d’opiniâtreté dans l’idéal que de rigueur pour la vie courante. Et elle court encore, cette vie…