« Eléonore » de Colette Lambrichs (Editions La Différence)
Ce premier roman de l’éditrice Colette Lambrichs (dont l’oeuvre littéraire se compose surtout de nouvelles), entrelace autour de la figure centrale du récit , Eléonore, , les vérités de chacun de celles et ceux qui ont joué un rôle dans sa vie et qu’elle réunit, à la fin du récit et de sa vie. Lambrichs s’attache à chacun des personnages, dévoile leur vérité, révèle les secrets, décèle les ambitions cachées, réveille les frustrations. Le tout tient en deux journées et un épilogue.
« Eléonore » est aussi l’occasion pour la romancière d’une déambulation dans un Bruxelles familier, dont le kaléidoscope semble un miroir du désordre des vies ici racontées. La capitale du petit Royaume, du moins les quartiers bourgeois de Uccle et Ixelles, est, autant qu’ Eléonore Kallos, un véritable personnage de ce livre qui donne à Bruxelles, comme peu de romans l’ont fait jusqu’à présent, la dimension romanesque qu’elle mérite et qu’elle démontre.
Nous avons rencontré Colette Lambrichs en marge d’une présentation de son livre organisée dans le cadre du Pen Club International- Belgique francophone, à Bruxelles.
Edmond Morrel
Ce roman a été couronné du Prix Lucien Malpertuis 2013 de l’Académie royale de langue et littérature française de Belgique. Le jury a publié sur le site de l’Académie cet extrait de son argumentaire :
Colette Lambrichs ne s’était qu’une seule fois aventurée dans le romanesque jusqu’ici. Ses nouvelles surtout avaient étanché sa soif de fiction, par de brefs récits insolites et quelquefois mordants qui révélaient derrière la femme de lettres très avertie qu’elle est une conteuse pleine d’ironie et de malice.
Éleonore accomplit ce tour de force de faire tenir en un volume assez réduit la matière d’une saga élaborée autour de l’héroïne centrale, une Bruxelloise d’origine grecque, qui compte tirer sa révérence en forme de bilan de vie. Comme elle est comédienne dans l’âme, elle entend bien faire de sa sortie de scène un finale qui noue tous les fils dont son existence a été tissée. Une galerie de personnages, tous aussi dotés d’épaisseur romanesque les uns que les autres, sont présentés avec beaucoup de lucidité dont la cruauté, quelquefois, n’est pas absente.
Éditrice elle-même, et de très haut niveau d’exigence, l’auteur a le sens de la formule compacte et incisive qui dépeint d’un trait un sentiment, un comportement, un affrontement. C’est cette maîtrise stylistique au service d’une vision du monde d’une rare force de démasquage qui fait de ce livre l’affirmation d’une réelle maîtrise.
Quatrième de couverture :
« Bruxelles, ville provinciale, métropole européenne, est un noyau qui fermente. Ici, le noyau devient un noeud. Entre les fils mêlés de cette pelote mobile, Éléonore a joué sa vie.
Comédienne, elle aura joué tout, mais elle l’aura joué à tour de rôle. Avant de quitter la scène, partagée entre tant de points cardinaux, tant de forces contraires, telle Bruxelles, Éléonore affronte le dernier acte avec ceux qui l’entourent et face à ceux qu’elle aime, en organisant le théâtre d’une représentation finale. L’actrice désire voir, à son tour, le spectacle de la comédie que chacun joue naturellement, croit-il, elle qui sait que rien n’est naturel. Qui tire les ficelles et les fils de la pelote ? Chacun ? Personne ? Éléonore, la comédienne qui n’a pas même entendu le secret de son propre nom : Elle est au nord.
Jacques Bellefroid »
Sur le site des Editions « La Différence » Colette Lambrichs publie une lettre mensuelle, dont la dernière livraison est consacrée, entre autres, à Claude Michel Cluny auquel la romancière rend hommage.