Est-ce de son Philippeville natal que Sylvie Godefroid puise cette énergie dont elle irradie sur scène, derrière la fenêtre de son adresse facebook ou à la SABAM ? C’est l’intuition qu’en a Michel Joiret qui signe la quatrième de couverture du premier roman de celle qui écrit « comme on respire », avec la même vitale nécessité.
Les pages internet sont le réceptacle de poèmes quotidiens, mais c’est à l’occasion d’un roman que nous avons rencontré Sylvie Godefroid. L’autobiographie revendiquée est une des clés de lecture, mais pas la seule : le style, la construction narrative par fragments (l’anagramme n’est-il pas un jeu de mélange des lettres ?), l’écriture font de ce premier roman un livre où la sincérité semble être l’enjeu majeur de cette quête d’identité à laquelle se confronte le personnage central. Ana, une femme dans la quarantaine, torturée par l’image qu’elle a d’elle-même, décide de se raconter, de s’affirmer, de dire sa féminité, de surmonter le préjugé qu’elle croit inspirer à cause du surpoids (Ana-gramme) : « Je m’appelle Ana et je ne m’aime pas » s’exclame la narratrice au début de son entreprise romanesque. Ouvrez ce livre et entrez dans les méandres des « saisons » d’Ana en cette année 2010 : vous y reconnaîtrez la figure attachante d’une femme, d’un combat, d’une vérité. Ce livre a fait l’objet d’une adaptation au théâtre. Il sera bientôt suivi d’un deuxième roman que nous attendons déjà avec impatiente curiosité. Bientôt Sylvie Godefroid osera dire qu’elle est écrivain.
Edmond Morrel
Sur le site de l’éditeur :
Ana approche la quarantaine. Inévitablement. Elle le sait, elle n’évitera pas le naufrage. Sur le pont de sa féminité muette parce que trop sage sonne l’urgence. L’urgence de se raconter, de s’affirmer, de devenir femme. De jouir. D’exulter enfin. De se libérer du poids de ce qui est raisonnable et politiquement correct. La femme abandonne les nattes de l’enfance pour poser sur ses lèvres offertes le rouge du désir assumé. Doucement. Au fil des pages, Ana lève le voile sur les coulisses de son être torturé. Sa vie passe sous le scalpel de son introspection. La femme serait-elle en passe d’accepter son imperfection, son corps à géométrie variable, ses fragilités amènes ?
Un roman à la fois divertissant et empreint de sensibilité qui met à l’honneur la femme dans son épanouissement, dans l’acceptation de son physique et du temps qui passe ainsi que dans ses déboires de tous les jours. Une écriture de qualité qui mélange esthétisme et langage moderne.
« Sylvie Godefroid balance depuis toujours entre lecture et écriture, tantôt en sacrifiant à la découverte de l’une, tantôt en subissant la tyrannie de l’autre. Et tout ceci avec le même délice. Romancière depuis peu, poète depuis toujours, Sylvie Godefroid s’introduit avec grâce et humilité dans le paysage des Lettres belges. Certains la décrivent déjà comme la nouvelle Dame de cœur dont les mots trahiraient une sensibilité, une émotivité et une mélancolie dissimulées sous une faconde de bon aloi et dans les vagues d’un sourire permanent… Il serait un peu réducteur de s’arrêter au charme – par ailleurs incontestable – d’un écrivain qui force les portes de la nuit pour entrer dans la solitude absolue des mots. Philippevilaine de souche et Bruxelloise d’adoption, Sylvie Godefroid voit le jour, en 1973. Le « Pays Noir » tracera au fusain les détours d’une personnalité mélangée, plongée dans les lavis d’une belgitude aux couleurs vagues, mais éveillée aussi aux pinceaux de l’imaginaire. Elle assumera pleinement une telle bâtardise qui l’apparente aux grands hivers de Jacques Brel comme au peuple des brouillards et des rêves. »
Michel Joiret