« La Belgique de Simenon » de Michel Carly et Christian Libens

Il n’aurait pu y avoir choix plus judicieux que Carly et Libens pour orchestrer, analyser, illustrer ces 101 scènes d’enquêtes qui composent le « beau livre » publié chez Weyrich. Voici un livre que l’on n’a pas envie de ranger dans une bibliothèque, mais qu’on laisse traîner sur une table basse, à côté du fauteuil ou du divan dans lequel on aime à s’asseoir pour lire un roman dont on sait qu’il va nous happer pendant plusieurs heures ou écouter de la musique que l’on s’est promis de découvrir. Le « beau livre » est là, sûr de lui, il sait qu’on va y revenir, le feuilleter d’abord, jeter un coup d’oeil à la table des matières, arrêter le regard sur une des plus riches iconographies qui soit – mêlant cartes postales, photos inédites, fac similés d’horaires de chemin de fer, de cartes postales, de documents administratifs. Et puis, on teste l’ouvrage : n’a-t-on pas oublié tel ou tel lieu, n’a-t-on pas négligé la Flandre ? ou Charleroi ?. Et enfin, on se plonge dans la lecture de ce qui est aussi un essai littéraire, érudit et passionné, qui nous entraîne dans le sillage des deux enquêteurs, Michel Carly et Christian Libens. Le moindre de leur mérite n’aura pas été de nous enchanter, mais de nous forcer à quitter ce fauteuil ou ce divan et à aller vers la bibliothèque, à la lettre « S », en retirer tel ou tel volume qu’ils citent et (re)lire Simenon.
Le temps nous a manqué pour enregistrer un entretien avec les auteurs, mais nous souhaitions déjà vous inviter à ouvrir ce livre, déjà de référence pour les lecteurs de Simenon, comme Jacques De Decker qui conclut sa préface ainsi, parlant de Carly et Libens : « (…) ils ont détecté les constituants premiers d’une oeuvre monumentale, l’une des plus importantes de son siècle. Elle n’a cessé de se déployer en partant modestement des genres littéraires « bas de gamme » pour finir par s’imposer comme l’ensemble romanesque universellement admiré qu’elle est devenu. Cette opération véritablement alchimique, qui transforme le banal en légendes et le quotidien en mythes, nos auteurs en ont retracé les prémisses avec une attention réelle et une affection foncière qui sont, au rebours des négligences agressives dont leur auteur vient de faire l’objet, les véritables instruments de la connaissance« .

Edmond Morel, le 18 juin 2016

Sur le site de l’éditeur :

Simenon, romancier universel et cosmopolite, ne serait-il pas aussi l’un des plus enracinés dans le territoire affectif de ses origines  ? Joli paradoxe  : la Belgique est le creuset d’où sont sortis tous ses romans… Ou presque tous  !
Carly et Libens, deux «  simenoniens  » passionnés, ont mené leurs recherches à Liège, à Charleroi, à Bruxelles, en Ardenne et au pays flamand. Ils ont retrouvé des lieux d’inspiration, des décors d’époque, des ombres familiales parmi lesquelles se détachent la figure de la mère ou celle du frère maudit, Christian… De gares en brasseries, de palaces en bordels, de scènes de crimes en plateaux de tournage, plus de 250 documents photographiques inédits et autant de pages d’enquêtes révèlent l’univers d’un Simenon méconnu.

Avec une préface de Jacques De Decker, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.