Le scénariste Thierry Bellefroid et le dessinateur Joe G. Pinelli signent ici un album bouleversant, construit à partir d’épisodes de la vie de Heinz von Furlau, un peintre allemand qu’ils ont imaginé contemporain de la génération de Otto Dix, de Derain, de Léger. Une plongée dans l’enchevêtrement des grands mouvements de l’art pictural du début du siècle, mais surtout des bouleversements de la première guerre mondiale.
Dans cet interview, Bellefroid et Pinelli nous disent la genèse de cet album dont chaque page, d’une force soufflante, scande ce voyage au bout de l’enfer d’un homme livré à la barbarie du siècle, hanté moins par sa survie propre que celle de l’art.
Bellefroid donne une intense voix intérieure à ce personnage que Pinelli fait résonner dans les couleurs à jamais perdues par le désespéré.
Vous n’oublierez pas Heinz von Furlau une fois l’album refermé : c’est le propre des grands inventions romanesques que de laisser longtemps leur trace.
Edmond Morrel
« Précipité dans le bruit et la fureur d’un monde pressé de se meurtrir et de se détruire, Heinz le peintre nous conte son errance à la recherche d’une innocence à jamais broyée par la folie des hommes. Récit de voyage, chronique de guerre et manifeste esthétique, cette oeuvre inclassable résonne du chant de l’artiste brisé par la brutalité de son temps.
Embarqué comme peintre officiel dans une mission océanographique allemande en Papouasie, en 1913, Heinz découvre la beauté sauvage des forêts et de leurs habitants, au milieu desquels, abandonné par l’équipage, il apprend à vivre. Arraché à cet éden, propulsé dans la boucherie de la Grande Guerre puis démobilisé à l’armistice, il finira par repartir à la recherche de son paradis perdu. Mais ce qui est perdu ne revit pas. Commence alors la longue errance solitaire du peintre à travers les mers… »