Renouant avec le conte philosophique, Florence Richter entrelace les disciplines de la pensée et de la littérature pour développer pas moins qu’une politique (au sens premier et noble du terme) pour le troisième millénaire. C’est brillant, stimulant, érudit ! Il s’agit d’un de ces livres, rares aujourd’hui, qui donnent à penser et à rêver. Sans doute cet effet bienfaisant provient-il de l’exploration par l’auteure des différentes disciplines qu’elle marie entre elles pour nous donner à voir la complexité des choses, à la façon d’un Edgar Morin ou d’un Michel Serres. Et l’enjeu est de taille : penser le monde de demain en prévalant le féminin, l’écologie, l’empathie, le long terme.
Peut-être « Sensation », un poème de Rimbaud éclaire-t-il en quatre vers la démarche de Richter. Elle nous le donne à lire en fin de volume :
« Je ne parlerai pas, je ne penserai rien
Mais l’amour infini me montera dans l’âme
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien
Par la nature, heureux comme avec une femme »
La lecture du livre peut se prolonger par l’exploration d’une bibliographie en ligne. dans laquelle se cotoient les différentes bibliothèques de La déesse et le pingouin », classées par thèmes :
1) Esotérisme, religions, mythes, symboles.
2) Philosophie, (pré-)histoire, témoignages.
3) Sociologie, psychologie, féminisme, anthropologie, ethnologie. 4) Economie, politique.
5) Ecologie, physique, biologie, animaux.
6) Contes philosophiques, textes littéraires.
7) Textes sacrés.
Un livre à mettre entre toutes les mains, d’urgence.
Edmond Morrel
LE LIVRE :
« Est-elle folle ou visionnaire ? » se dit Carl, quand Rose le réveille en racontant qu’elle doit sauver le monde. Elle lui décrit un rêve obsédé par le crime et par l’amour. Elle parle d’une destruction symbolique très ancienne, celle de l’éradication du Féminin sacré, cette spiritualité qui remonte au Paléolithique, vingt mille ans avant Jésus-Christ, et qui resurgit dans la société, en ce début du IIIème millénaire. Mais sous les yeux de Carl, Rose va commettre un meurtre bien réel.
La déesse et le pingouin est un conte philosophique où se fécondent mutuellement l’essai et la fiction. Le message, évoquant des mythes fondateurs de l’humanité, devient d’une urgente actualité quand il est question de simplicité responsable et de décroissance économique. Ce récit mystérieux, riche, envoûtant ne se réduit pas à une thèse ou à un scénario : il faut le lire, le vivre, en faire l’expérience.
L’AUTEUR :
Née en 1967, Florence Richter est criminologue ; elle a travaillé dans ce secteur durant une dizaine d’années. Dans le domaine culturel, elle a été administratrice-déléguée de la tribune de conférences « Midis de la Poésie » à Bruxelles, ainsi qu’éditrice à La Renaissance du Livre. Elle est actuellement rédactrice en chef de la revue Lectures du Ministère de la Culture, ainsi que chercheur associé à l’Université Saint-Louis-Bruxelles pour le Groupe de recherche FNRS « Droit et littérature ». Elle a publié un essai Ces Fabuleux voyous : crimes et procès de Villon, Sade, Verlaine, Genet (éd. Hermann, 2010), qui a reçu le Prix Léopold Rosy de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique.