« ST EX » un « beau livre » signé Romain Hugault (illustrations) et Bernard Chabbert (récit)

Qui n’a rêvé d’embarquer à bord d’un avion aux côtés d’un des pilotes les plus mythiques et de l’histoire de l’aviation et de la littérature, Saint Exupéry ? Qui n’a rêvé d’apercevoir à travers les pare-brises d’un Caudron Simoun, ou d’un Bréguet XIV ou Laté 26 les côtes sahariennes, l’Océan atlantique Sud, les sommets andins… ?

Je fais partie de ceux-là qui ont lu, hypnotisé, Vol de nuit et Terre des hommes… J’appartiens à cette génération qui découvrit ces aventuriers de l’air que sont les pilotes et mécaniciens de l’aéropostale à travers les bandes dessinées d’abord (Les belles histoires de l’Oncle Paul), puis les romans et récits des écrivains-aventuriers. Saint-Ex dans cette constellation avoisine Malraux, Gary, Kessel, Dahl…

L’écrivain et historien Bernard Chabbert et le dessinateur Romain Hugault se sont attelé à réaliser ce rêve dans un ouvrage  magnifique paru aux Editions Paquet dans la collection Cockpit.

Ouvrez ce livre, installez-vous aux endroits rêvés que le dessinateur peut à loisir occuper pour nous donner les images les plus vertigineusement belles des vols qui ont jalonné la biographie de Saint Ex. Chaque image aérienne est soufflante. Chaque image d détails  (une orange sur un clavier de piano, un ecrier sur une feuille manuscrite…), chaque portrait captent bien davantage qu’une photographie l’âme des choses, l’inconnue rêverie que nous laissent entrevoir les regards, les visages…

Et puis, une fois que vous vous serez régalé des ces images auxquelles vous savez que vous reviendrez, plongez vous dans la lecture du récit haletant que la plume enthousiaste de Bernard Chabbert nous donne en partage. C’est un portrait intime et complice de l’homme, avec ses faiblesses, ses hésitations, ses erreurs, ses défauts, mais aussi ses passions, ses excès, son génie. Mais c’est aussi à une immersion dans l’Histoire que nous invite le texte érudit, sensible, documenté, stimulant écrit on le devine à l’encre du cœur, nourri par la passion de piloter de l’écrivain, fils d’un avaiteur de l’Aéropostale, ami de Saint Ex

Un des plus beaux hommages au Petit Prince des airs, que ce livre sous titré Un prince dans sa citadelle.

Gageons qu’une fois refermé ce beau livre  piquera la curiosité des lecteurs qui iront dans la bibliothèque rechercher pour les lire (à nouveau) les romans fondateurs d’une légende nommée Saint Ex : Courrier Sud, Vol de nuit, Terre des hommes, Citadelle,…

Jean Jauniaux le 29 octobre 2020.

Sur le site des Editions Paquet

St Ex est né à Lyon dans un milieu aristocratique, construit sur une architecture de valeurs classiques évoquant la marquise de Sévigné, les dentelles, les goûters d’enfants sous les arbres d’un jardin familial vaste comme un parc… Il est mort 44 ans plus tard, encapsulé aux commandes d’un avion de reconnaissance stratosphérique préfigurant l’âge de l’astronautique.

Entre son arrivée sur Terre et son départ dans un ciel d’été il a vécu l’aventure des pionniers de l’aviation de ligne au sein de la mythique Aéropostale, habité le désert de la côte atlantique du Sahara dans un environnement évoquant la planète Mars, sillonné le continent sud-américain du Brésil tropical au Cap Horn à bord d’avions de bois et toile. Il a commencé à écrire, est devenu grand reporter témoin de son temps en couvrant la Guerre d’Espagne, captivé le Tout-Paris littéraire avec ses récits récompensés par le Prix Femina et le Prix du Roman de l’Académie Française, récits qui ont traversé l’Atlantique Nord et fasciné des éditeurs new-yorkais qui l’ont propulsé aux côtés de Faulkner, Hemingway, Steinbeck en première division de la littérature américaine lorsque « Wind, Sand and Stars » a été nommé Livre de l’Année aux Etats-Unis. Il a aimé des femmes, nombreuses et toujours exceptionnelles, avec fascination, passion et respect. Il a construit dans son milieu d’aviateurs des fraternités d’une immense pureté, et subi d’invraisemblables jalousies et malveillances. Il a fait la guerre la plus calamiteuse, celle de la défaite de 1940, en pilote potentiellement sacrifié. Puis il a habité New York lorsqu’elle était la plus majestueuses des villes libres de la planète, en pleine guerre. Et comme il était construit sur ces valeurs classiques rassemblées dans le sens de l’honneur, il a voulu, lorsque les évènements l’ont permis, redevenir soldat-aviateur, malgré son âge et un physique délabré par trop d’excés et accidents. Il a comploté pour arriver à ses fins, et abouti sur le baquet d’acier d’une torpille volante ultra-moderne pour l’époque, un avion de guerre désarmé et équipé de cameras de reconnaissance stratégique.

Et il en est mort.

Il aurait pu rester à New York, vivre luxueusement sur sa célébrité et les royalties de son oeuvre, attendre un très probable Prix Nobel de littérature car lorsqu’on signe « Le Petit Prince », on dépasse de loin l’univers de la seule littérature. Mais il était homme d’honneur et pensait que pour avoir le droit d’écrire et de dire, il faut se mériter ce privilège…

Voici donc son histoire, en mots et en illustrations, signés de deux auteurs qui partagent avec St Ex cette fascination respectueuse des aviateurs pour la nature et ses majestueuses vérités.

HUGAULT Romain

Né en 1979, Romain Hugault se passionne très tôt pour le domaine aéronautique et obtient son brevet de pilote à dix-sept ans. Il a alors le choix entre faire de son métier pilote et dessiner pour le plaisir, ou devenir dessinateur et piloter en loisir : il opte pour la seconde option. Suite à ses études à l’École Estienne, il a illustré des ouvrages de référence en matière d’aviation, dont certains pour l’armée de l’air. L’essentiel de son œuvre consiste en des bandes dessinées d’aviation durant les deux Guerres mondiales. Inspiré également par les pin-ups de cette époque, il est l’auteur de plusieurs artbooks intitulés Pin-Up Wings. Il a vendu à ce jour plus de 800 000 albums. Ses séries Angel Wings, Le Pilote à l’Edelweiss ou encore Le Grand Duc sont traduites dans de nombreux pays.

Bernard Chabbert Sur Wikipedia