Voici un livre dense, beaucoup plus dense que ce que le nombre de pages ne peut indiquer…même si ce fort volume en compte 760 ! Se plonger dans sa lecture, c’est entreprendre un voyage, mais pas n’importe quel voyage…la traversée du livre est faite de méandres sinueux, de retours en arrière, de rencontres, de questions…
Dans cette rencontre, Gérard Adam raconte sa trajectoire d’écrivain, les raisons de son long silence éditorial (huit années), définit ou tente de définir son travail et son exigence de romancier… En effet, même si on peut considérer qu’une œuvre existe ou doit exister en dehors de la vie de son auteur, dans le cas de ce roman, certains éléments de la biographie de Gérard Adam peuvent servir de balises : son métier et sa pratique de médecin dans des conditions extrêmes, la rencontre avec Monique Thomassettie qui devient son épouse en 1967, la guerre ou plutôt les guerres où il accompagne en tant que médecin les forces de l’ONU, notamment l’expérience Bosniaque, la confrontation avec ce puzzle tragique que fut le démantèlement de la Yougoslavie.
La liste des publications de Gérard Adam est impressionnante, mais entre L’impasse de la renaissance,(Ed. Luce Wilquin, Avin, 2001) et « Qôta-Nîh » aux Editions MEO…huit années se passent.
le roman … »qôta-nîh »
Quatrième de couverture :
» Île où une civilisation originale fondée par les jumeaux mythiques Medvâm et Gamgô a longtemps coexisté en syncrétisme avec deux religions importées. Qôta-Nîh, devenue île paradisiaque pour touristes fortunés. Qôta-Nîh, emportée par l’épidémie intégriste qui infecte le monde. Sur les “Bâqi”, pentes abruptes au pied de falaises, se sont réfugiés les survivants de la folie assassine qui a empoisonné les eaux de la lagune. Parmi eux, le “qîvar” Deïrnér, chef des thérapeutes et référent spirituel du peuple qôtanér. Deïrnér, qui commue en rêveries ce qu’il n’ose plus considérer comme une méditation. Deïnér, enlevé avec celle qui deviendra sa disciple pour prodiguer ses soins au chef des “fanatiques” réfugiés dans les grottes de la montagne.
Bien loin, en Occident, Bruno traîne une jeunesse aussi dorée que désabusée à la fac de Droit, s’encanaille dans un bistrot minable, décoche sa verve sur tout ce qui passe à sa portée. Jusqu’au jour où l’amour le sidère. Au jour où un attentat fomenté par des intégristes, lui aussi, l’emporte dans un noir tourbillon.
Trait d’union entre les deux, Jean, philosophe désenchanté, ami de l’un et demi-oncle de l’autre, venu achever ses jours et chercher la sérénité à Qôta-Nîh, le paradis sur terre où il a vécu son enfance. Jean dont “les cahiers”, après sa mort, ont abouti entre les mains de Bruno. Des cahiers qui nous apprennent tout de Qôta-Nîh, sa langue, sa culture, sa légende fondatrice, sa marche forcée vers le modernisme et les événements qui l’ont fait basculer dans l’horreur. Jean, dont le destin a peut-être déterminé celui de Qôta-Nih dans le “Gôn”, cette matrice des univers, d’où tout provient et où tout revient. »
La clé du roman de Gérard Adam peut-elle se formuler ainsi : une réponse et une question entrelacées, l’une nourrissant l’autre, comme la réalité et la fiction, comme la première et la dernière question du roman : « que nous est-il arrivé ? » et « Qu’adviendra-t-il de nous ? »…C’est la question que nous posons à l’auteur…
Edmond Morrel