Editions de l’Aube
Il est des romans qui, une fois la lecture achevée, nous laissent orphelins. Une part de nous-mêmes s’est tournée comme une page et laisse des traces indélébiles : celles de l’émotion ressentie, des questions soulevées, des sourires et des larmes suscitées. Car un roman est un compagnon de route : le temps de la lecture et, lorsqu’il s’agit de grands romans, après celle-ci. La fiction invente des univers dans lesquels nous entrons et dont il s’agit de ne pas sortir indemnes.
« Le livre de Joseph » est d’abord un roman qu’on lit d’une traite. Le narrateur, Jean-Paul Rakover, dentiste de son état, saisit l’occasion d’un congrès à Varsovie pour explorer le passé de sa famille. Orphelin de père, il ne sait rien de ses origines. Il commence sa quête identitaire en pianotant sur le clavier de son ordinateur portable et en remontant petit à petit la lignée qu’il se découvre avec Joseph Rakover, insurgé du ghetto de Varsovie, qui, jusqu’à l’assaut final des nazis qui lui sera fatal, a tenu une chronique de l’insurrection. Alliant l’humour et la gravité, Bernard Dan fait de cette « genèse » en sept jours de grève dans le hall de l’aéroport Frédéric Chopin, un roman aux multiples prolongements. Les métaphores, qui se dévoilent parfois après la lecture, jalonnent le livre et nous guident dans le cheminement de Jean-Paul vers son identité juive, à travers l’héroïque combat de Joseph son aïeul.
Dans une acrobatie romanesque vertigineuse, que nous ne dévoilerons évidemment pas, Bernard Dan jongle avec les ressorts de la fiction pour nous laisser pantois et enchantés, émus et fraternels au moment du retour de Jean-Paul à Paris, enfin échappé de la grève qui l’immobilisa pendant sept jours en Pologne…
Un roman à lire, premier, nous l’espérons, d’une longue série.
Edmond Morrel
Un blog est consacré au livre paru aux Editions de L’Aube.