A l’occasion de l‘exposition de ses récents dessins à la Maison Lismonde, nous avons interrogé Anne Marie Finné à propos des oeuvres qu’elle présente (jusqu’au 22 mai 2002) aux cimaises de ce lieu auquel nous apprécions tant de rendre visite. Les oeuvres exposées, des dessins au crayon graphite mais également des transferts sur papier carbone, montrent au spectateur des « territoires imaginaires ». On y devine des lieux réels, un vallonnement de prairies, une dune et le bord de mer, mais aussi des déclinaisons à partir de cartes postales anciennes ou des paysages d’ombres et de silhouettes. Il y a grand bonheur, en contemplant ces oeuvres, à en explorer les détails pour se laisser surprendre par telle ou telle fantaisie (un personnage à l’envers, un horizon inversé, une figure en transparence…), mais aussi par la précision du trait infinitésimal qui exige une approche minutieuse de l’oeuvre. La vision de l’ensemble invite ainsi à se pencher vers tel ou tel fragment de chaque oeuvre et d’en démultiplier l’enchantement.
Comme à chacune de nos visites à la Maison Lismonde, nous avons retrouvé ici la magie avec laquelle ce lieu préservé prolonge la mémoire de ceux qui y ont vécu et de leurs amis , au premier rang desquels Lismonde et Philippe Roberts-Jones. Grâce soit rendue à celles et ceux qui aujourd’hui continuent à faire de cette maison et de son jardin un instrument irremplaçable de valorisation d’un patrimoine et de mise en évidence d’artistes contemporains.
Jean Jauniaux, le 7 février 2022
Sur le site de la Maison Lismonde :
« Les dessins en noir et blanc d’Anne Marie Finné cheminent avec minutie et densité au travers de fragments de territoires imaginaires. Entre révélation et effacement, l’artiste revisite des lieux qui lui sont chers, des images de sites touristiques ou encore des vues anciennes pour faire naitre de nouveaux paysages, marqués par des changements d’échelle, des basculements de perspectives, des diversités de points de vue, des contrastes d’ombre et de lumière.
Par la seule utilisation de ses crayons gris ou par le transfert de papier carbone, l’artiste nous invite ainsi à plonger au cœur de la fragilité de l’existence autant que de la fugacité de la mémoire. »
La présidente de la « Maison Lismonde », Catherine de Braekeleer évoque Anne Marie Finné:
Depuis plus de 40 ans Anne Marie Finné dessine. Ses dessins actuels, réalisés à la mine de plomb, cheminent avec minutie et délicatesse au travers de fragments de territoires imaginaires. Entre révélation et effacement, l’artiste revisite des lieux qui lui sont chers, des images de sites touristiques ou encore des vues anciennes pour façonner de nouveaux paysages, marqués par des ruptures d’échelle, des basculements de perspectives, des diversités de points de vue, des ombres contradictoires. Anne Marie Finné nous parle de touffeur, de resserrement, de densité. Ses paysages en mouvement semblent se déplier ou se replier au gré de ses errements, s’attardant à certains moments sur des détails merveilleux ou inattendus. Parfois cadrés au ras de l’horizon ou paraissant à d’autres moments se développer au-delà des limites du papier, les dessins de l’artiste se meuvent et se transforment en une succession de visions, nous incitant à plonger à l’intérieur de ses paysages en constante métamorphose. Pour d’autres dessins aux formes instables, l’artiste utilise le transfert de papier carbone. Tel un souvenir imprimé, les silhouettes semblent peu à peu disparaitre dans les profondeurs de l’obscurité.
Que ce soit par de modestes traits de crayon gris ou par des transferts d’encre carbone, l’œuvre d’Anne Marie Finné nous révèle les fragiles beautés du monde autant que la fugacité de la mémoire. Catherine de Braekeleer, février 2022