Première chronique « Mr Nobody » le magnifique film de Jaco van Dormael
Régulièrement Henri Roanne-Rosenblatt nous offrira ses coups de coeur cinématographiques. Avec ce passionné du septième art, nous aurons un regard sans concession mais sans réserve sur les films qui font l’actualité, y compris ceux que la critique traditionnelle se plaît à éreinter…C’est le cas pour cette première chronique consacré au dernier film de Jaco Van Dormael, une oeuvre éblouissante pour le coeur et l’intelligence…C’est le cas pour cette première chronique consacré au dernier film de Jaco Van Dormael, une oeuvre éblouissante pour le coeur et l’intelligence…
Edmond Morrel
Le texte de la chronique de Henri Roanne-Rosenblatt :
La table de montage de Henri Roanne-Rosenblatt
« Mr nobody » un film de Jaco van Dormael
« Je suis sorti de la projection de « Mr. Nobody » heureux et bouleversé. Emporté par la magie du spectacle (Stanley Donen y rencontre Paul Delvaux et Magritte).J’ai été fasciné par l’intelligence du propos ( la science devient poésie, Freud et Prigogine unissent leurs intuitions…)
Un film compliqué ? Non, si le spectateur se laisse prendre par la main, se laisse porter par la beauté des images et la fascination exercée par les personnages -généralement quelconques-, sans tenter de « comprendre », de rationaliser et de sortir son GPS à chaque étape de cet extraordinaire voyage de Nemo au cœur de la complexité humaine.
On est pris d’un délicieux –et pourtant inquiétant- vertige devant les multiples possibles qui, à chaque moment du film, s’ouvrent et se ferment pour chacun des protagonistes. (Et peut-être pour chaque spectateur ! Quel jour, dans quelle salle, à quelle heure, avec qui, vais-je voir « Mr Nobody » ? Est-ce que je verrai le même film ?)
Parfois, on a envie de rembobiner le film, de faire un léger retour en arrière pour saisir telle image d’une beauté fulgurante ou tel gag (oui, car on rit aussi !) nourri de tout l’imaginaire surréaliste que Jaco a ingurgité dans notre si riche Belgique.. Mais le film avance, il avance, il nous réserve encore une surprise et encore une surprise et, après tout, on n’aura qu’à aller le revoir !
Il m’ arrive souvent en lisant , comme à vous sans doute, de revenir à plusieurs reprises sur certaines pages, pas nécessairement pour mieux les comprendre mais pour en savourer davantage la composition, le phrasé, l’équilibre, l’inspiration. Alors, oui, je peux comprendre, que certains critiques « éclairés » se soient un peu essoufflés en tentant de courir après le film pour en figer le sens, au lieu de le laisser agir. Il n’en reste pas moins que beaucoup d’entre eux ont à apprendre à regarder le film qui se projette sur l’écran et non la projection personnelle que leur culture, leur métier, la routine, leurs préjugés leur imposent.
Mr Nobody renvoie au niveau du Concours Lépine les lourdes machines hollywoodiennes dont le prétendu fantastique est fait de bricolages technologiques et de tours de passe-passe scénaristiques, qui en foutent plein la vue et plein les oreilles, et vident le cerveau et le cœur.
Merci à Jaco Van Dormael de démontrer à quel point intelligence, beauté et générosité peuvent être indissociables.
Henri Roanne-Rosenblatt