« La robe de Gulnara » d’Isabelle Hubert, dans une mise en scène de Geneviève Damas au Théâtre des Riches-Claires.
La dramaturge Québécoise Isabelle Hubert s’est inspirée d’une photo de Tim Georgeson montrant un couple de jeunes mariés, lui en costume elle en robe de mariée blanche pour composer la pièce que nous donne à voir Geneviève Damas. Le couple vivait dans un camp de réfugiés, constitué de convois de wagons sur une voie désaffectée du Caucase.
Une mise en scène inspirée, des comédiens troublants de vérité dans chacun des personnages qu’ils incarnent, un dispositif scénique aussi ingénieux que métaphorique et une musique émouvante et sobre (signée Jean-Philippe Collard-Neven) : tous les ingrédients sont réunis pour que chaque représentation touche le public, au plus près du coeur, mais aussi de l’empathie et de la réflexion à l’égard de la problématique des sans-papiers, des réfugiés, des exilés.
Geneviève Damas sait tirer des oeuvres qu’elle met en scène tout le pouvoir d’évocation symbolique : une garde-robe immense devient un de ces wagons qui ont hébergé des centaines de réfugiés pendant plus de dix ans à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, chaque comédien s’incarne dans deux ou trois personnages et donne à voir la complexité des êtres qui ne sont ni blancs ni noirs.
Nous avons rencontré Geneviève Damas à l’issue d’une des premières représentations. Elle évoque le choix de la pièce (que lui a proposé Emile Lansman, éditeur de la pièce), le travail de mise en scène, le rôle du théâtre. Personnalité attachante de la création théâtrale – elle est auteur dramatique et metteuse en scène – , elle écrit aussi son deuxième roman qui succèdera dans sa bibliographie à celui qui lui avait valu le Prix Rossel en 2011 : « Si tu passes la rivière ».
Un de ces soirs, allez au Théâtre des Riches-Claires. « La robe de Gulnara » s’y joue jusqu’au 29 septembre. Une pièce dont l’écho résonnera longtemps en vous, dans l’émotion. Pour vous en convaincre écoutez l’interview de Geneviève Damas et aussi la musique de scène composée par Jean-Philipe Collard-Neven…
Edmond Morrel
Sur le site du Théâtre des Riches Claires :
Entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, des familles de réfugiés se sont installées dans une enfilade de wagons désaffectés. Sur ce lopin de terre oublié du reste du monde, la vie continue, avec ses joies et ses turpitudes. Ainsi, puisque Arif veut l’épouser, Gulnara a dépensé toutes ses économies pour s’acheter une robe qui donnera l’illusion que le bonheur peut encore fleurir au milieu des cailloux. Mais sa jeune sœur Mika la tache irrémédiablement la veille de ses noces. Commence alors pour la petite de treize ans un long parcours pour réparer sa maladresse et offrir une robe immaculée à sa grande sœur.