Nous avions rencontré Véronique Olmi à deux reprises déjà et, comme aujourd’hui, nous avions souligné cette grâce particulière de l’écrivain à créer des personnages qui continuent de nous habiter, une fois le livre refermé. Avec Enzo, la romancière crée ici une figure aussi attachante qu’inoubliable : un jeune adolescent cloîtré dans un environnement qui le rejette, le méprise et le martyrise. A la recherche d’un passé qui construirait son avenir, Enzo explore les livres et la mémoire de sa mère.
Le roman nous hypnotise par cette musique grave et intense qu’il donne à entendre, qu’il nous offre comme viatique pour le lecteur dont le cœur s’est agrandi, l’écoute rendue plus attentive au monde : n’est-ce pas une des fonctions de la littérature ?
Au terme de l’entretien, Véronique Olmi nous a lu un extrait de son roman
Edmond Morrel
« Et se regarder nu, face au miroir, jamais il ne le ferait, jamais il ne serait ce garçon qui en lui faisant face lui ferait honte. Enzo ne voulait pas être son ennemi. Il voulait aimer le jour, la nuit, la peur, Liouba, et lui-même si c’était possible. »
À travers la relation forte et fragile entre une mère trop jeune et un fils au seuil de l’adolescence qui vivent chacun à leur façon l’expérience de l’exclusion et de la détresse intérieure, Véronique Olmi renoue avec la tension narrative de Bord de mer, cette amplitude romanesque où la retenue, l’émotion et la brutalité forment une ronde parfaite.