Dans la collection ONLITmini des éditions ONLIT, l’écrivain et peintre et dessinateur Jacques Richard nous adresse une triple invitation, à la fois littéraire et plastique: explorer au fil des notes ce qui l’a conduit à peindre une série de tableaux représentant des femmes nues, en pied et en grandeur nature. D’où naît une telle démarche, quel est le cheminement de l’idée, au dessin, à la pose du modèle et enfin à la réalisation de ces tableaux dont on peut voir des reproductions en noir et blanc dans le petit livre. Cette démarche constitue la première partie du livre, suivie de Sur le dessin , une passionnante succession de réflexions courtes, dont certaines sont de véritables et fulgurants aphorismes, sur ce qu’est l’acte de dessiner, sur ce que le dessin instaure comme lien avec le réel.
Dans Nues, la question centrale que l’écrivain Jacques Richard tente de cerner par l’écriture est celle du regard, qui transforme, par un processus dont le peintre Jacques Richard explore l’énigme, le réel en peinture, la réalité d’une femme nue, posant dans l’atelier du peintre, en tableau. Au fil des pages, Richard évoque l’histoire liée à chacun des tableaux, la manière dont le lien s’est établi entre les femmes nues et le peintre. La démarche de chacun d’entre elles, désignées par leur initiale, est singulière. De même que le regard et la « technique » du peintre qui consacre à chacune une manière de procéder différente: une ou plusieurs séances, des photographies de travail, des dessins préparatoires etc. Le plus surprenant dans ce témoignage qui constitue une véritable master class est la motivation des modèles à poser nues et l’intérêt qu’elles portent ensuite, ou pas, au tableau achevé.
Avec Sur le dessin dédié à ses élèves, Jacques Richard rassemble des notes, des impressions, des sensations liées à la pratique du dessin, c’est à dire à saisir le moment où nous sentons comment la main va faire ce que les yeux ont vu. Dans cette phrase se trouvent, en filigrane, toutes les interrogations de l’auteur qui les passe en revue dans cinq chapitres: « Le corps pense », « Entre les lignes », « Mal voir », « Devenir autre », « Être à l’oeuvre ».
Ce livre court interroge autant le lecteur que l’artiste qui l’a mis en oeuvre. Il laisse et c’est une de ses grandes qualités, la place qui lui revient au doute, concluant : C’est le mode du peut-être et du doute qui devrait être celui de l’art puisque c’est celui de la vie.
L’investigation du doute , telle que la pratique Jacques Richard, est une belle déclinaison des trois arts dont il nous dévoile ici le plein talent: la peinture, le dessin et l’écriture.
Jean Jauniaux, le 2 décembre 2020.
Nous avons interviewé Jacques Richard par ZOOM . L’interview est disponible en video et en audio.
« J’ai commencé à peindre une série de femmes il y a une dizaine d’années. Nues, en pied et grandeur nature. De face. J’y ai pensé de temps à autre, pendant un an à peu près, sans donner suite. Il fallait que l’idée se développe, prenne assez de place pour se clarifier dans mon esprit, et se resserre ensuite pour pouvoir se matérialiser sur une toile. » Jacques Richard
Né à Bruxelles, Jacques Richard a passé son enfance en Algérie. Il enseigne la peinture et le dessin. Il est marié à l’écrivaine Pascale Toussaint. Il a publié divers poèmes, deux recueils de nouvelles et trois romans. Petit Traître, finaliste du Prix Rossel 2012, a obtenu le Prix Franz de Wever de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. La femme qui chante est paru chez ONLIT Editions en 2019.