Nous avons rencontré la poète à l’occasion de la publication de son dernier recueil en date, « Le poème quotidien« . L’interroger sur la fonction de la poésie, sur l’écriture de cette lumière intime dont irradient les textes limpides qu’elle nous donne, nous a conduit à évoquer son métier de philosophe mais aussi les créations radiophoniques et l’animation du « Cercle de la Rotonde » dont elle est la fondatrice et l’animatrice. Une voix singulière se donne à entendre, qui nous lit quelques poèmes de ce recueil attachant dont la couverture s’orne d’un dessin de Régine Parent.
Edmond Morrel, Bibliothèque Royale de Belgique à Bruxelles, le 20 janvier 2015
« Où va la Poésie ? Elle va à nous rendre habitable l’inhabitable, respirable l’irrespirable… » écrivit Michaux dans L’Avenir de la poésie (La Pléiade, O.C, I, 972). Il n’y a pas d’autre propos au Poème quotidien : habiter mieux son corps, ses espaces intérieurs et extérieurs, ceux que l’on partage avec ses proches, avec des inconnus, mais aussi avec des œuvres d’art, au fil des rencontres et des événements. En réalité, le pari d’écrire tous les jours n’a pas été tenu. Loin d’un programme établi, folie contre folie, ce fut un horizon sous un titre, créant un rythme de marche et de respiration. Les feuillets se sont accumulés, comme ces feuilles envolées qui forment peu à peu dans la forêt un humus, à partir duquel jaillissent soudain des bourgeons clairs, quand on ne les attendait plus. Il y a dans le processus d’écriture une sorte de poussée, impérative et surprenante, qui oblige l’auteur à écouter ce qui monte, ce qui exige d’être entendu. Ce sont rarement des phénomènes extraordinaires ; c’est plutôt notre regard qui s’affine, notre manière de les voir. Alors la vie qui circule sous les apparences – parfois figées, parfois de mort – reprend toute sa saveur, son sens, son dynamisme. En filigrane demeure un souffle – trace d’être – même si tout s’efface et se métamorphose.
Marie-Clotilde Roose
Poésie : L’orange soleil (L’Arbre à Paroles, 1994),
Le mur immense de la nuit (Caractères, 1994).
Les chemins de patience (Brandes 2004, Prix René Lyr, Prix Geneviève Grand’Ry)
Tourment (Le Taillis Pré, 2005, Prix Hubert Krains)
Ces combats si légers (Les Pierres)